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28 juillet 2013 7 28 /07 /juillet /2013 17:52

 

Si vous souhaitez entrer dans la culture du pays du Soleil Levant, pas de doute, Haruki Murikami a du talent pour vous y aider!

Cet auteur a su prendre de la distance par rapport à son pays natal en s'exilant plusieurs années aux USA et ailleurs, et cela facilite notre approche et notre ouverture d'esprit.


Le thème central de ce livre repose sur l'attentat produit dans le métro de Tokyo en 1995 : Des adeptes de la secte Aum ont percé des poches de gaz sarin (arme chimique) en pleine heure de pointe et, ce faisant, ont tué une dizaine de personnes, et blessé plusieurs milliers.

 

Trois parties se succèdent:

 

Dans la première partie, Haruki Murakami rapporte des entretiens qu'il a eu avec les victimes ou proches des victimes de cet attentat. Ces dizaines d’entretiens retranscrits donnent un effet un peu redondant et sont parfois un peu lassants mais bizarrement, ce sont aussi ces répétitions qui nous permettent, au final, d'avoir une idée des multiples facettes de la population japonaise.

 

Au milieu du livre, telle une charnière, un chapitre intitulé "cauchemar aveugle : Où allons-nous, nous, japonais?" nous amène à réfléchir sur les responsabilités de la société, et plus intimement sur l'ambivalence de chaque être humain. L'auteur réussit à nuancer notre point de vue : Non, Il n'y a pas d'un côté les méchants de la secte d'Aum et de l'autre les gentils. Comment ces évènements ont pu avoir lieu dans un pays réputé si pacifique? Comment empêcher une nouvelle tragédie?

L'auteur ne répond pas mais il ouvre le débat et nous amène, mine de rien, à un questionnement personnel intéressant.

 

Extrait de cette réflexion: 

"Le "phénomène" Aum me dérange précisément parce que ce n'est pas l'affaire de quelqu'un d'autre. Il montre une image déformée de nous-mêmes qu'aucun d'entre nous n'aurait pu prévoir. (...) On explique en psychologie que les rencontres qui déclenchent un profond dégoût physique sont souvent en fait des projections de nos propres défauts, de nos propres faiblesses. Très bien, mais en quoi cela est-il lié à ce sentiment de terreur que j'éprouvais ce jour-là (en les regardant exécuter une danse incompréhensible) devant la station de métro ? Non, je ne suis pas en train de dire : "Voilà, par la grâce de -ce que vous voudrez-, en différentes circonstances, j'aurais pu rejoindre le culte de Aum et diffuser du gaz sarin dans le métro." ça n'a aucun sens sur le plan réaliste (ou logistique). Je veux seulement dire que quelque chose dans cette rencontre, dans leur présence, a dû exister en nous également pour provoquer forcément de notre part un rejet aussi actif et aussi conscient. Ou plutôt : "ils" sont le miroir de "nous"!

 

(…)"Notre société a tendance à considérer comme "maladie" tout mode de pensée ou de comportement qui est incommode pour le système, et cela est plausible parce que, quand un individu ne s'insère pas dans le système, cela cause une douleur à l'individu ainsi que des problèmes au système. Ainsi la manipulation d'un individu pour l'adapter au système est considérée comme un "remède" à une "maladie" et donc comme bénéfique. (...) comme le dit l'adage japonais : "le clou qui dépasse prend un coup de marteau". Du point de vue des adeptes Aum, tandis qu'ils affirmaient leur autonomie, la société et l'Etat les attaquaient en déclarant qu'ils appartenaient à un "mouvement antisocial", à un "cancer" qu'il fallait éradiquer. Cette agression est la raison pour laquelle ils sont devenus plus antisociaux encore."

 

 

Enfin, la troisième partie est consacrée aux entretiens de personnes ayant appartenu à la secte Aum : Là encore, rien n'est simple et il ne s'agit pas de se faire un avis tranché : Les interviewés y exposent toute leur perplexité humaine, leur conflit, leur doute. Panel d'émotions variées garanti pour le lecteur! On navigue entre colère, indignation mais aussi mansuétude, perplexité, questionnement...

 

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